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Monobloc Jeanneret stéréoscopique
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hmag
jmlyon
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Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Coucou, me revoilà.
Nous avons vu, dans l’entre-deux guerres, naître de beaux appareils. Leica, Rolleiflex, Zeiss, Exakta, Voigtländer…), mais point d’appareil français. Et la France, pendant ce temps-là ?
Si la France fut le pays créateur de la photographie (n’oublions pas aussi l’Angleterre), l’évolution de l’appareil fut rapidement aux mains de l’Allemagne, que ce soit pour la mécanique ou l’optique.
Si, dans cette période, nous ne sommes pas en tête du peloton, nous avons produit des appareils intéressants, mais qui n’ont jamais leaders.
Au début du XXème siècle, la photographie stéréoscopique a connu une période de popularité. Pour restituer le relief, l’appareil prend simultanément deux images, dont les centres sont séparés par une distance égale à la distance séparant les deux yeux. Une visionneuse permet à chaque œil de voir l’image correspondante, et donc de voir le relief. La « réalité augmentée », ou les télévisions nécessitant des lunettes utilisent toujours ce principe !
Je vous présente aujourd’hui un appareil stéréoscopique : le « Monobloc Jeanneret ». Il fut d’abord fabriqué en France par Liebe en 1912, puis par Jeanneret en 1915, par Krauss, par Boucher. Et peut-être d’autres.
L’appareil utilise des plaques de 6x13 cm² placées dans un chargeur pouvant en contenir 6. Un mécanisme à escamotage (tiroir) permet donc de prendre 6 clichés sans ouvrir l’appareil. Chaque cliché comporte 2 vues, dont l’axe est distant de6,3 cm, espacement moyen des axes de deux yeux.
Les deux objectifs sont des Saphir Boyer, distance focale 85 mm ouvert à f/6,3. Classique pour des images 6x6. Les Saphir ont une formule type Tessar, soit un excellent objectif. Les numéros d’objectifs permettent de dater la fabrication de l’appareil : 1939.
L’obturateur, à lames métalliques, a une seule vitesse. Les premiers appareils fabriqués étaient équipés d’un obturateur pneumatique.
Le levier de mise au point commande un intéressant calculateur permettant de déterminer le diaphragme à utiliser pour régler la mise au point sur l’hyperfocale (la photo est alors nette depuis la valeur indiquée sur l’index inférieur jusqu’à l’infini).
Dernier point : la plaquette porte-objectifs peut glisser vers le haut (décentrement vertical), essentiellement utilisé pour diminuer les lignes fuyantes dans la photographie de grands édifices.
Dans cette période de l’entre-deux guerres, toute les grandes marques avaient au catalogue un appareil semblable à celui-ci (chez Franke & Heidecke, l’Heidescop à plaques s’est appelé Rolleidoscop lorsqu’il a utilisé le film en bobine. Et quand on l’a amputé d’un objectif, il est devenu… le Rolleiflex !)
Pardon d’avoir été aussi long et à bientôt.
Nous avons vu, dans l’entre-deux guerres, naître de beaux appareils. Leica, Rolleiflex, Zeiss, Exakta, Voigtländer…), mais point d’appareil français. Et la France, pendant ce temps-là ?
Si la France fut le pays créateur de la photographie (n’oublions pas aussi l’Angleterre), l’évolution de l’appareil fut rapidement aux mains de l’Allemagne, que ce soit pour la mécanique ou l’optique.
Si, dans cette période, nous ne sommes pas en tête du peloton, nous avons produit des appareils intéressants, mais qui n’ont jamais leaders.
Au début du XXème siècle, la photographie stéréoscopique a connu une période de popularité. Pour restituer le relief, l’appareil prend simultanément deux images, dont les centres sont séparés par une distance égale à la distance séparant les deux yeux. Une visionneuse permet à chaque œil de voir l’image correspondante, et donc de voir le relief. La « réalité augmentée », ou les télévisions nécessitant des lunettes utilisent toujours ce principe !
Je vous présente aujourd’hui un appareil stéréoscopique : le « Monobloc Jeanneret ». Il fut d’abord fabriqué en France par Liebe en 1912, puis par Jeanneret en 1915, par Krauss, par Boucher. Et peut-être d’autres.
L’appareil utilise des plaques de 6x13 cm² placées dans un chargeur pouvant en contenir 6. Un mécanisme à escamotage (tiroir) permet donc de prendre 6 clichés sans ouvrir l’appareil. Chaque cliché comporte 2 vues, dont l’axe est distant de6,3 cm, espacement moyen des axes de deux yeux.
Les deux objectifs sont des Saphir Boyer, distance focale 85 mm ouvert à f/6,3. Classique pour des images 6x6. Les Saphir ont une formule type Tessar, soit un excellent objectif. Les numéros d’objectifs permettent de dater la fabrication de l’appareil : 1939.
L’obturateur, à lames métalliques, a une seule vitesse. Les premiers appareils fabriqués étaient équipés d’un obturateur pneumatique.
Le levier de mise au point commande un intéressant calculateur permettant de déterminer le diaphragme à utiliser pour régler la mise au point sur l’hyperfocale (la photo est alors nette depuis la valeur indiquée sur l’index inférieur jusqu’à l’infini).
Dernier point : la plaquette porte-objectifs peut glisser vers le haut (décentrement vertical), essentiellement utilisé pour diminuer les lignes fuyantes dans la photographie de grands édifices.
Dans cette période de l’entre-deux guerres, toute les grandes marques avaient au catalogue un appareil semblable à celui-ci (chez Franke & Heidecke, l’Heidescop à plaques s’est appelé Rolleidoscop lorsqu’il a utilisé le film en bobine. Et quand on l’a amputé d’un objectif, il est devenu… le Rolleiflex !)
Pardon d’avoir été aussi long et à bientôt.
hmag-
- Prénom : Henri
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Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Tes posts "historiques" étant toujours intéressants, clairs et bien documentés il ne sont jamais trop longs
Merci pour celui-ci avec sa carte mémoire interne de 6 photos
Merci pour celui-ci avec sa carte mémoire interne de 6 photos
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Jean-Michel
https://www.flickr.com/photos/jm_morin/
jmlyon- Administrateur
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Palmarès montage : 1 argent 1 bronze
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Est-ce le genre de visionneuse où l'on introduisait un disque en carton banc?
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Chris Firefly te salue Invité
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Firefly a écrit:Est-ce le genre de visionneuse où l'on introduisait un disque en carton banc?
Je pense que l'appareil d'Henri est basé sur le même procédé technique que ces visionneuses.
Allez, nostalgie quand tu nous tiens :
http://www.collection-appareils.fr/visionneuses/html/viewmaster.php
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Jean-Michel
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Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Bonjour
Vous avez tous les deux raisons. Je vous propose une brève histoire de la stéréoscopie.
Depuis longtemps (Léonard de Vinci a fait des « dessins » en relief) on a compris le mécanisme de la vue en relief. Mais c’est au milieu du XIXème siècle que la stéréoscopie et la photographie prennent leur essor.
En 1838 Wheatstone (bien connu des physiciens) fait breveter son « Stereoscope » et en 1839 Daguerre donne la photographie au monde. La photo fut immédiatement adoptée, tandis que la stéréoscopie devra attendre les années 1850.
Les débuts sont difficiles : matériel encombrant et lourd, procédés difficiles et lents. Evolution lente.
La plaque sèche au gélatinobromure va permettre l’essor de la stéréoscopie en même temps même temps que celui de la photo et les deux grandiront ensemble.
En 1883 le format 6x13 sur plaque de verre (2 images de 6x6) est mis sur le marché et le français Richard propose un appareil stéréo dans ce format utilisant ce format. Qui de la poule ou l’œuf ? L’appareil permet de changer les plaques par l’arrière.
Toutes les grandes marques mettent alors à leur catalogue des appareils stéréo 6x13. L’Heidoscope, devenu le Rolleidoscope nous vaudra ultérieurement le Rollei.
À partir de ce moment, l’évolution des appareils stéréo suit (ou précède parfois) celle de nos belles machines.
Quelques repères :
Le 6x13 est bientôt suivi par le 45x107 mm². Appareils plus petits. Ils seront dans les tranchées de la guerre de 14-18 (Glyphoscope Richard).
La plaque de verre va assez rapidement être concurrencé par le film. En 1913, Richard proposera l’Homéos, utilisant le film de cinéma 35mm. Et dire que ce n’est pas nous qui avons inventé la photo sur film 35mm (Leica) ! Dommage.
En 1938 Richard nous donnera (façon de parler) le Verascope F40 qui sera fabriqué jusqu’en 1955. Utilisant le film 35 mm, il permet la photo stéréoscopique, mais aussi la photo simple par le truchement d’une petite molette. Il est considéré comme la Rolls des appareils stéréo. Aux USA, un appareil semblable, le Realist, (1950. Moins cher que le F40), eut un certain succès.
Les appareils utilisant le film 35mm ont un gros avantage : avec le Kodachrome, ils permettent la couleur.
La course vers les petits formats continue, mais prend une tournure différente : la prise de vue est assurée par des industriels qui vendent des séries à thème, et deviennent des instruments d’éducation populaire. Deux acteurs principaux, View master (les images sont sur un disque de carton) et Lestrade (les images sont sur une plaque rectangulaire, plus encombrante).
Et aujourd’hui ? La stéréoscopie est toujours vivante, il existe même des appareils numériques. Une minorité de passionnés animent un site très intéressant : www.stereo-club.fr/ . Je vous parlerai un jour d’un appareil soviétique encore vivant dont la gestation est amusante.
Bon dimanche
Henri
Vous avez tous les deux raisons. Je vous propose une brève histoire de la stéréoscopie.
Depuis longtemps (Léonard de Vinci a fait des « dessins » en relief) on a compris le mécanisme de la vue en relief. Mais c’est au milieu du XIXème siècle que la stéréoscopie et la photographie prennent leur essor.
En 1838 Wheatstone (bien connu des physiciens) fait breveter son « Stereoscope » et en 1839 Daguerre donne la photographie au monde. La photo fut immédiatement adoptée, tandis que la stéréoscopie devra attendre les années 1850.
Les débuts sont difficiles : matériel encombrant et lourd, procédés difficiles et lents. Evolution lente.
La plaque sèche au gélatinobromure va permettre l’essor de la stéréoscopie en même temps même temps que celui de la photo et les deux grandiront ensemble.
En 1883 le format 6x13 sur plaque de verre (2 images de 6x6) est mis sur le marché et le français Richard propose un appareil stéréo dans ce format utilisant ce format. Qui de la poule ou l’œuf ? L’appareil permet de changer les plaques par l’arrière.
Toutes les grandes marques mettent alors à leur catalogue des appareils stéréo 6x13. L’Heidoscope, devenu le Rolleidoscope nous vaudra ultérieurement le Rollei.
À partir de ce moment, l’évolution des appareils stéréo suit (ou précède parfois) celle de nos belles machines.
Quelques repères :
Le 6x13 est bientôt suivi par le 45x107 mm². Appareils plus petits. Ils seront dans les tranchées de la guerre de 14-18 (Glyphoscope Richard).
La plaque de verre va assez rapidement être concurrencé par le film. En 1913, Richard proposera l’Homéos, utilisant le film de cinéma 35mm. Et dire que ce n’est pas nous qui avons inventé la photo sur film 35mm (Leica) ! Dommage.
En 1938 Richard nous donnera (façon de parler) le Verascope F40 qui sera fabriqué jusqu’en 1955. Utilisant le film 35 mm, il permet la photo stéréoscopique, mais aussi la photo simple par le truchement d’une petite molette. Il est considéré comme la Rolls des appareils stéréo. Aux USA, un appareil semblable, le Realist, (1950. Moins cher que le F40), eut un certain succès.
Les appareils utilisant le film 35mm ont un gros avantage : avec le Kodachrome, ils permettent la couleur.
La course vers les petits formats continue, mais prend une tournure différente : la prise de vue est assurée par des industriels qui vendent des séries à thème, et deviennent des instruments d’éducation populaire. Deux acteurs principaux, View master (les images sont sur un disque de carton) et Lestrade (les images sont sur une plaque rectangulaire, plus encombrante).
Et aujourd’hui ? La stéréoscopie est toujours vivante, il existe même des appareils numériques. Une minorité de passionnés animent un site très intéressant : www.stereo-club.fr/ . Je vous parlerai un jour d’un appareil soviétique encore vivant dont la gestation est amusante.
Bon dimanche
Henri
hmag-
- Prénom : Henri
Photoshop
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Merci infiniment pour ces précieuses explications, du coup aujourd'hui on peu aisément faire ce genre de photo si j'ai bien compris. Très très intéressant ça, reste que le matériel doit coûter cher, est-il possible d'obtenir le même résultat avec deux appareils différents?
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Chris Firefly te salue Invité
Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Bien sur, c'est faisable.
Si tu peux trouver un Spoutnik (CNYTHNK en cyrillique) d'occasion en état de fonctionnement et pas trop cher, c'est le top.
Tu peux utiliser deux appareils identiques, en les fixant sur une barrette facile à fabriquer pour avoir un écartement des axes de 6,5cm environ.
Une autre méthode consiste à utiliser un seul appareil fixé sur une barrette à glissière. Mais pas de possibilité de sujet mobile.
En fouinant chez les brocanteurs spécialisés, on doit pouvoir une de ces barrettes.
Tu trouveras tous les renseignements nécessaires sur le site dont j'ai donné l'URL dans le post précédent.
Bon courage.
Henri
Si tu peux trouver un Spoutnik (CNYTHNK en cyrillique) d'occasion en état de fonctionnement et pas trop cher, c'est le top.
Tu peux utiliser deux appareils identiques, en les fixant sur une barrette facile à fabriquer pour avoir un écartement des axes de 6,5cm environ.
Une autre méthode consiste à utiliser un seul appareil fixé sur une barrette à glissière. Mais pas de possibilité de sujet mobile.
En fouinant chez les brocanteurs spécialisés, on doit pouvoir une de ces barrettes.
Tu trouveras tous les renseignements nécessaires sur le site dont j'ai donné l'URL dans le post précédent.
Bon courage.
Henri
hmag-
- Prénom : Henri
Photoshop
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Merci infiniment, c'est très tentant
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Chris Firefly te salue Invité
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Et notre" papy" au trombone ( ça me va bien de dire cela ), continue à nous conter le passé de l' image dont la photo........Merci....
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Merci Henri ... j'apprécie également , car c'est très instructif !!!!
mich42-
- Prénom : Michel
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Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Merci Henri pour ce très beau reportage.
J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de voir des photographes avec deux appareils numériques montés sur un support avec des angles spécifiques. J'imagine qu'ils doivent reproduire ce genre de précédé photographique...
J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de voir des photographes avec deux appareils numériques montés sur un support avec des angles spécifiques. J'imagine qu'ils doivent reproduire ce genre de précédé photographique...
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« La critique est aisée, mais l’art est difficile »
Beaud57-
- Prénom : Patrick
Lightroom
Palmarès photo : 3 or 4 argent 5 bronze
Palmarès montage : 1 argent
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Merci à tous. Une petite remarque: je joue du tuba, pas du trombone.
À bientôt
Henri
À bientôt
Henri
hmag-
- Prénom : Henri
Photoshop
Re: Monobloc Jeanneret stéréoscopique
Aujourd'hui, nous avons le FinePix Réal 3D. On peut facilement faire des photos 3D avec un Apn à l'aide d'un rail* de macro par exemple, en utilisant ensuite un petit logiciel (gratuit) Stéreo Photo Maker (http://stereo.jpn.org/fra/stphmkr/index.html)
*Par exemple de chez Novoflex le "Castel-L.
*Par exemple de chez Novoflex le "Castel-L.
Invité- Invité
Chargeur Monobloc Jeanneret
Bonjour.
Je me permets de attirer Votre attention sur une question qui me tiens a cœur et espérant de y trouver réponse. Je possède un magnifique Monobloc Jeanneret en état magnifique que j'Ador, cependant, je n'ai jamais vraiment compris comment fonction le passage a la plage suivante avec son chargeur. Faut t il extraire le bloc-chargeur pour passer a la photo suivante? Chose qui m'étonnerais.. Quand je fais un "click" et j'extrais la plaque pour passer à la suivante, le chargeur 1 reste toujours à sa place alors qu'il doit descendre. J'espère d'avoir été clair..lol. Pourriez-vous m'élucider? Merci d'avance. Amicalement…
Je me permets de attirer Votre attention sur une question qui me tiens a cœur et espérant de y trouver réponse. Je possède un magnifique Monobloc Jeanneret en état magnifique que j'Ador, cependant, je n'ai jamais vraiment compris comment fonction le passage a la plage suivante avec son chargeur. Faut t il extraire le bloc-chargeur pour passer a la photo suivante? Chose qui m'étonnerais.. Quand je fais un "click" et j'extrais la plaque pour passer à la suivante, le chargeur 1 reste toujours à sa place alors qu'il doit descendre. J'espère d'avoir été clair..lol. Pourriez-vous m'élucider? Merci d'avance. Amicalement…
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