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ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
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mich42
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Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Un conte pour la nouvelle année
LES DEUX VIES DU SULTAN MAHMOUD
Fils estimé du Bienveillant, ruisselant d’ors, de flatteries, de musiques paradisiaques et de houris aux seins parfaits, tel était le sultan Mahmoud. Son ciel ? Tout bleu. Son palais ? Blanc. Son peuple ? A peine turbulent. Bref, il n’avait pas à se plaindre. Et pourtant il n’allait pas bien. Ses femmes et ses philosophes ne lui inspiraient que des « bof », des « à-quoi-bon », des gestes mous. Il désespérait. C’était grave, car il ne savait pas pourquoi.
- Qu’avez-vous, sire ?
- Rien, ça va.
Mais dans son regard sans éclat on devinait ses idées noires. Son grand vizir n’en dormait plus.
Un matin, à presque midi, ouvrant les rideaux de sa chambre il trouva Mahmoud affalé qui contemplait obstinément le bout pointu de ses babouches. Il lui dit :
- Sire, tout à l’heure, un vieux cheikh a sollicité un rendez-vous particulier avec Votre Magnificence. Il vient de l’extrême Maghreb. Nous avons eu un entretien qui m’a laissé la bouche ouverte. C’est un magicien prodigieux. Recevez-le, je vous en prie. Je sens qu’il saura vous sortir de vos brouillards maléficieux.
Mahmoud souleva un sourcil et répondit :
- Oui, bof, qu’il entre.
Quel âge avait-il, ce vieillard ? A vue d’œil, à peu près cent ans. Efflanqué, les poings sur sa canne, vêtu de barbe, de cheveux et de quelques haillons crasseux, la mine sévère, l’œil noir. Il s’avança et dit :
- Bonjour. Lève-toi, Mahmoud, et viens voir.
Le déprimé resta pantois. On ne l’avait jamais traité aussi sèchement de sa vie. Il obéit pourtant, s’en fut à la fenêtre que le vieil homme désignait.
- Ouvre-la. Allons, presse-toi.
Mahmoud ouvrit, huma l’air doux, se pencha soudain, recula, l’index tendu, blême, haletant. Des milliers de cavaliers noirs, piques brandies, sabres sanglants, ravageaient les rues de la ville, tranchaient les corps, brisaient les portes, assaillaient les murs du palais. Leurs clameurs effrayaient le ciel.
- Qu’Allah ait pitié de nos vies ! gémit le malheureux sultan. Vois, vizir, nous sommes perdus !
Le cheikh le repoussa d’une franche bourrade, ferma la fenêtre et grogna quelque chose d’ésotérique. Puis il rouvrit les deux battants.
- Sultan, regarde maintenant !
L’autre s’avança, méfiant, risqua un œil. Tout était calme. Les gens allaient par les ruelles, les ânes, les chariots branlants. Plus le moindre soudard en vue.
- Comprends pas, bafouilla Mahmoud.
Il s’ébroua, frotta ses yeux. Le vieux le saisit par la manche, l’entraîna à travers la chambre jusqu’à la fenêtre opposée.
- Ouvre.
- Non, pitié, j’ai trop peur.
Le vieillard leva son bâton. Mahmoud entrouvrit, ouvrit grand. Les quatre-cents minarets des mosquées de la ville n’étaient plus qu’un brasier fumant. Un ouragan poussait des flammes rugissantes vers le palais.
- Yayay ! brailla le malheureux.
Le feu lui dansait dans les yeux. Le cheikh referma la fenêtre, la rouvrit. Plus rien. Le ciel bleu, les minarets blancs, les oiseaux. Mahmoud s’avança, recula, tomba de cul sur le tapis.
- Vizir, une bassine d’eau ! ordonna le vieillard. Fais vite !
L’autre s’en fut, il disparut, revint encombré d’une vasque qui ruisselait par tous les bords. Il la posa devant le cheikh.
- Mahmoud, viens là, grogna le vieux. Penche-toi. Regarde ta tête.
Le sultan se courba, le cheikh saisit sa nuque, plongea son visage dans l’eau et tout, palais, chambre, fenêtres, vizir, cheikh et bassine d’eau ne furent plus qu’un souvenir.
Il était au bord de la mer, épuisé, naufragé sans doute. Il se dressa, vit des pécheurs qui accouraient là sa rencontre. Il leur cria :
- Hommes, à genoux ! Je suis Mahmoud, votre sultan. Ramenez-moi dans mon palais !
Les autres se le désignèrent en riant, la trogne fendue, en singeant son air de grand monde.
- Hé, le fou, dit l’un, tu t’es vu ?
Mahmoud se palpa les cheveux. Il portait un bonnet de feutre. Il était vêtu de haillons.
- Allons, mon gars, viens nous aider, nous avons besoin de main-d’œuvre.
- Mais je ne sais pas travailler !
- Peu importe, tu feras l’âne. Tu vois ces ballots de sardines ? Tu les porteras au marché !
On le tirailla par le col. Il en tomba à quatre pattes. Cinq ans durant il charria, pour un croûton de pain par jour, des tonnes de poissons puants du bord de la mer jusqu’au souk. La nuit, il couchait chez les ânes. Un jour un marchand l’acheta avec trois baudets de l’étable. Il lui dit :
- Je n’ai qu’une fille. Tu m’as l’air d’un sacré gaillard. Epouse-la, grand bien te fasse. Je veux douze petits- enfants.
Il l’amena dans sa maison, lui fit servir des fruits confits, des gâteaux, de l’alcool de figue, puis appela sa Fahima.
- Sois indulgent, elle est farouche. Pauvre comme tu l’es, garçon, elle va te plaire, j’en suis sûr.
La fille vint. Misère noire ! Elle était difforme, bossue, elle avait du poil au menton. Elle lui sourit, langue dardée entre ses deux dernières dents. Mahmoud gémit :
- Oh non, pitié !
Le marchand le poussa vers elle, elle lui prit les joues, s’agrippa. Il perdit le souffle. Il hurla.
Sa tête sortit, ruisselante, de l’eau où elle était plongée. Il était chez lui, au palais, à nouveau sultan, dans sa chambre. Sa vie de misère ? Un instant, le temps d’un remous de bassine. Son vizir était là, fidèle. Le magicien le regardait, l’œil pointu, la barbe légère. Il dit, courbé sur son bâton :
- C’est insulter le Créateur que de faire mauvaise mine quand on a la chance de vivre dans un palais de ce prix-là. As-tu compris, sultan Mahmoud ?
Mahmoud ne lui répondit pas. Il riait, les bras grands ouverts, il avait envie de danser avec tous les vivants du monde. Il voulut embrasser le cheikh.
- Holà, du calme, dit le vieux.
Il se défit dans l’air tranquille comme une fumée de bougie.
d'après " les Mille et une nuits "
(Henri Gougaud, Le livre des chemins)
LES DEUX VIES DU SULTAN MAHMOUD
Fils estimé du Bienveillant, ruisselant d’ors, de flatteries, de musiques paradisiaques et de houris aux seins parfaits, tel était le sultan Mahmoud. Son ciel ? Tout bleu. Son palais ? Blanc. Son peuple ? A peine turbulent. Bref, il n’avait pas à se plaindre. Et pourtant il n’allait pas bien. Ses femmes et ses philosophes ne lui inspiraient que des « bof », des « à-quoi-bon », des gestes mous. Il désespérait. C’était grave, car il ne savait pas pourquoi.
- Qu’avez-vous, sire ?
- Rien, ça va.
Mais dans son regard sans éclat on devinait ses idées noires. Son grand vizir n’en dormait plus.
Un matin, à presque midi, ouvrant les rideaux de sa chambre il trouva Mahmoud affalé qui contemplait obstinément le bout pointu de ses babouches. Il lui dit :
- Sire, tout à l’heure, un vieux cheikh a sollicité un rendez-vous particulier avec Votre Magnificence. Il vient de l’extrême Maghreb. Nous avons eu un entretien qui m’a laissé la bouche ouverte. C’est un magicien prodigieux. Recevez-le, je vous en prie. Je sens qu’il saura vous sortir de vos brouillards maléficieux.
Mahmoud souleva un sourcil et répondit :
- Oui, bof, qu’il entre.
Quel âge avait-il, ce vieillard ? A vue d’œil, à peu près cent ans. Efflanqué, les poings sur sa canne, vêtu de barbe, de cheveux et de quelques haillons crasseux, la mine sévère, l’œil noir. Il s’avança et dit :
- Bonjour. Lève-toi, Mahmoud, et viens voir.
Le déprimé resta pantois. On ne l’avait jamais traité aussi sèchement de sa vie. Il obéit pourtant, s’en fut à la fenêtre que le vieil homme désignait.
- Ouvre-la. Allons, presse-toi.
Mahmoud ouvrit, huma l’air doux, se pencha soudain, recula, l’index tendu, blême, haletant. Des milliers de cavaliers noirs, piques brandies, sabres sanglants, ravageaient les rues de la ville, tranchaient les corps, brisaient les portes, assaillaient les murs du palais. Leurs clameurs effrayaient le ciel.
- Qu’Allah ait pitié de nos vies ! gémit le malheureux sultan. Vois, vizir, nous sommes perdus !
Le cheikh le repoussa d’une franche bourrade, ferma la fenêtre et grogna quelque chose d’ésotérique. Puis il rouvrit les deux battants.
- Sultan, regarde maintenant !
L’autre s’avança, méfiant, risqua un œil. Tout était calme. Les gens allaient par les ruelles, les ânes, les chariots branlants. Plus le moindre soudard en vue.
- Comprends pas, bafouilla Mahmoud.
Il s’ébroua, frotta ses yeux. Le vieux le saisit par la manche, l’entraîna à travers la chambre jusqu’à la fenêtre opposée.
- Ouvre.
- Non, pitié, j’ai trop peur.
Le vieillard leva son bâton. Mahmoud entrouvrit, ouvrit grand. Les quatre-cents minarets des mosquées de la ville n’étaient plus qu’un brasier fumant. Un ouragan poussait des flammes rugissantes vers le palais.
- Yayay ! brailla le malheureux.
Le feu lui dansait dans les yeux. Le cheikh referma la fenêtre, la rouvrit. Plus rien. Le ciel bleu, les minarets blancs, les oiseaux. Mahmoud s’avança, recula, tomba de cul sur le tapis.
- Vizir, une bassine d’eau ! ordonna le vieillard. Fais vite !
L’autre s’en fut, il disparut, revint encombré d’une vasque qui ruisselait par tous les bords. Il la posa devant le cheikh.
- Mahmoud, viens là, grogna le vieux. Penche-toi. Regarde ta tête.
Le sultan se courba, le cheikh saisit sa nuque, plongea son visage dans l’eau et tout, palais, chambre, fenêtres, vizir, cheikh et bassine d’eau ne furent plus qu’un souvenir.
Il était au bord de la mer, épuisé, naufragé sans doute. Il se dressa, vit des pécheurs qui accouraient là sa rencontre. Il leur cria :
- Hommes, à genoux ! Je suis Mahmoud, votre sultan. Ramenez-moi dans mon palais !
Les autres se le désignèrent en riant, la trogne fendue, en singeant son air de grand monde.
- Hé, le fou, dit l’un, tu t’es vu ?
Mahmoud se palpa les cheveux. Il portait un bonnet de feutre. Il était vêtu de haillons.
- Allons, mon gars, viens nous aider, nous avons besoin de main-d’œuvre.
- Mais je ne sais pas travailler !
- Peu importe, tu feras l’âne. Tu vois ces ballots de sardines ? Tu les porteras au marché !
On le tirailla par le col. Il en tomba à quatre pattes. Cinq ans durant il charria, pour un croûton de pain par jour, des tonnes de poissons puants du bord de la mer jusqu’au souk. La nuit, il couchait chez les ânes. Un jour un marchand l’acheta avec trois baudets de l’étable. Il lui dit :
- Je n’ai qu’une fille. Tu m’as l’air d’un sacré gaillard. Epouse-la, grand bien te fasse. Je veux douze petits- enfants.
Il l’amena dans sa maison, lui fit servir des fruits confits, des gâteaux, de l’alcool de figue, puis appela sa Fahima.
- Sois indulgent, elle est farouche. Pauvre comme tu l’es, garçon, elle va te plaire, j’en suis sûr.
La fille vint. Misère noire ! Elle était difforme, bossue, elle avait du poil au menton. Elle lui sourit, langue dardée entre ses deux dernières dents. Mahmoud gémit :
- Oh non, pitié !
Le marchand le poussa vers elle, elle lui prit les joues, s’agrippa. Il perdit le souffle. Il hurla.
Sa tête sortit, ruisselante, de l’eau où elle était plongée. Il était chez lui, au palais, à nouveau sultan, dans sa chambre. Sa vie de misère ? Un instant, le temps d’un remous de bassine. Son vizir était là, fidèle. Le magicien le regardait, l’œil pointu, la barbe légère. Il dit, courbé sur son bâton :
- C’est insulter le Créateur que de faire mauvaise mine quand on a la chance de vivre dans un palais de ce prix-là. As-tu compris, sultan Mahmoud ?
Mahmoud ne lui répondit pas. Il riait, les bras grands ouverts, il avait envie de danser avec tous les vivants du monde. Il voulut embrasser le cheikh.
- Holà, du calme, dit le vieux.
Il se défit dans l’air tranquille comme une fumée de bougie.
d'après " les Mille et une nuits "
(Henri Gougaud, Le livre des chemins)
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
A la suite de ce conte des mille et une nuit , voici mon imaginaire dessus ... Le texte viendra après car là, je n'en ai pas la moindre idée!
Tout est donné aux vivants sur la terre
L' enfer comme le ciel.
Que regardons-nous?
Les nuages noirs des "bof" et des" A quoi bon?"
Nous ouvrant à la déprime , porte de l' enfer.
Faut-il vivre la dictature, la guerre, la vie misérable , les cataclysmes naturels,
Vivre l' enfer afin de consentir à voir
La beauté du monde qui nous est offert
Et avoir envie de danser avec tous les vivants de la terre.
L' enfer comme le ciel.
Que regardons-nous?
Les nuages noirs des "bof" et des" A quoi bon?"
Nous ouvrant à la déprime , porte de l' enfer.
Faut-il vivre la dictature, la guerre, la vie misérable , les cataclysmes naturels,
Vivre l' enfer afin de consentir à voir
La beauté du monde qui nous est offert
Et avoir envie de danser avec tous les vivants de la terre.
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
ben dis donc , ça phosphore dur encore !!!!!!!!!!!!!!!
Bon alors veux- tu bien me dire quel est ce gros "truc" au milieu , de dos avec une abondante chevelure et assis sur les rochers ???
Je n'ose pas me prononcer , de peur de dire une GROSSE BETISE , comme j'en ai souvent l'habitude.
Bon alors veux- tu bien me dire quel est ce gros "truc" au milieu , de dos avec une abondante chevelure et assis sur les rochers ???
Je n'ose pas me prononcer , de peur de dire une GROSSE BETISE , comme j'en ai souvent l'habitude.
mich42-
- Prénom : Michel
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Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
C' est le penseur de Rodin vu de dos !
Les 3 statues sont de Rodin!
Ceci dit , les contes ont toujours été pour moi des supports de méditation et faire une image me fait méditer sur l' essentiel d' une histoire.
Les 3 statues sont de Rodin!
Ceci dit , les contes ont toujours été pour moi des supports de méditation et faire une image me fait méditer sur l' essentiel d' une histoire.
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Ah ben mais je m'attendais bien à quelque chose de ce genre !
Mais j'avoue que "l'arrière" en question , m'interpellait quelque peu !!!
Mais j'avoue que "l'arrière" en question , m'interpellait quelque peu !!!
mich42-
- Prénom : Michel
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Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Son arrière train est mis en valeur pour voir un homme de dos
La chevelure rajouter très discrètement montre que cela fait longtemps qu'il est assis et pense à son choix entre l'enfer et le ciel?
La chevelure rajouter très discrètement montre que cela fait longtemps qu'il est assis et pense à son choix entre l'enfer et le ciel?
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Vagabonde a écrit:Son arrière train est mis en valeur pour voir un homme de dos
La chevelure rajouter très discrètement montre que cela fait longtemps qu'il est assis et pense à son choix entre l'enfer et le ciel?
Vi vi vi , on peut le voir comme ça !
mich42-
- Prénom : Michel
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Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Ouh la la !!! Tu me prend de vitesse Fan
Alors celle ci j'aime l'ambiance que tu as mise
Bon, je ne dis rien sur l'omission de quelques ombres
Pour ta précédente, j'aurais bien vu le Rodin de dos couleur pierre, comme le dessous
Tout ça, c'est pour bien commencer l'année !!
Ne pas perdre la main sur la critique positive
Sinon va falloir que je me bouge et que je fasse chauffer ma tablette graphique pour
finir des tas de trucs inachevés
Alors celle ci j'aime l'ambiance que tu as mise
Bon, je ne dis rien sur l'omission de quelques ombres
Pour ta précédente, j'aurais bien vu le Rodin de dos couleur pierre, comme le dessous
Tout ça, c'est pour bien commencer l'année !!
Ne pas perdre la main sur la critique positive
Sinon va falloir que je me bouge et que je fasse chauffer ma tablette graphique pour
finir des tas de trucs inachevés
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Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles qu'on n'ose pas les faire.
C'est parce qu'on n'ose pas les faire qu'elles sont difficiles
janco-
- Prénom : jean claude
photoshop cs5.1 lightroom 5
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Oui , joli tableau suggestif Fan !
J'aurais juste mieux vu comme titre "le silence du vide" ......... mais bon ce n'est QUE mon avis.
J'aurais juste mieux vu comme titre "le silence du vide" ......... mais bon ce n'est QUE mon avis.
mich42-
- Prénom : Michel
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Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Tu as peut être raison, Michel, Demain , réfléchissant sur le conte et le texte , je vais le changer si cela cadre avec le message!
Voici le conte d' où est partie ma réflexion sur le vide , le rien....
Il en fut ainsi jusqu'à l'an où vient un hiver de misère. Moutons crevés, chevaux enfuis et sacs efflanqués dans la grange, on ne parlait que de cela la nuit venue, devant le feu. Ce soir-là Jeanne était assise sur le plancher près de son chien. Le menton sous ses genoux hauts elle enivrait ses yeux de flammes. Elle dit soudain :
« Demain matin, j'irai voir l'homme au manteau vide »
Tu es folle, gronda sa mère. Imagine qu'il te regarde, j'en ai froid rien que d'y penser.
Il n'a jamais mangé personne. Pourquoi me ferait-il du mal ? Je veux seulement lui parler.
Tais-toi donc, bougonna son père, le manteau est creux, il n'y a personne, que du vent.
Eh bien, répondit la petite, qu'est ce que je risque, s'il n'y a rien ? Je lui porterai nos poussins. La poule est morte. Ils vont mourir. Peut-être les sauvera-t-il.
Son père la poussa du pied.
Va te coucher, tu me fatigues.
Elle s'allongea contre le chien.
Le lendemain, dans son panier, elle mit ses dix poussins malingres et dévala la pente raide jusqu'aux rochers du bord de l'eau. Dès qu'elle vit l'homme au manteau vide elle reprit souffle et s'avança, en serrant son écharpe au col. Elle déposa les dix bestioles tout alentour du vêtement qui bougeait un peu sous le vent. Elle s'assit à côté de lui. Elle lui arrivait à l'épaule. Le capuchon resta penché. Elle lui jeta un bref coup d'oeil puis écouta le bruit de l'eau. Après longtemps une voix dit :
Que me veux-tu ?
Je ne sais pas. Peut-être peux-tu nous aider.
Le silence, encore. Longtemps. Jeanne entendit sonner des heures au loin, si loin que la présence de ce manteau sans rien dedans à côté d'elle lui parut prodigieusement rassurante. Elle en sourit, soupira d'aise. Alors la voix lui murmura :
Mets tes poussins sous mon habit et reviens dans une semaine. J'ai aimé être auprès de toi.
Oh, moi aussi, répondit-elle.
Elle remonta jusqu'au village. Elle s'attarda jusqu'à la nuit à errer sous les oliviers. Sa mère voulut tout savoir de ce qu'elle avait fait et dit, mais elle ne sut que lui répondre. Elle avait laissé les poussins là-bas, auprès du manteau vide. Et quoi d'autre ma fille ? Rien.
Six jours, six nuits, à dormir peu. Au septième matin, Jeanne courut si vite qu'elle ne sut s'il ventait, s'il faisait gris ou bleu. Elle vit de loin l'homme sans corps et les poussins autour de lui. Quelle vigueur ils avaient pris ! Elle s'assit parmi eux, au plus près de l'habit. Elle dit :
Que leur avez-vous fait ?
Je les ai réchauffés, je les ai laissé vivre.
Leur permettre d'aller ainsi sans que personne les surveille, c'est dangereux, lui dit l'enfant. Si un renard était venu ?
Ecoute, Jeanne.
Elle écouta. Le silence du manteau vide la tint au chaud jusqu'à la nuit. Le soir venu, elle soupira :
Je ne saurai comment leur dire.
Va, vis, reviens, je serai là.
Elle prit les poussins et s'en alla.
Sa mère l'attendait sur le pas de la porte. Elle s'inquiétait. Elle lui cria :
Tu me feras mourir ma fille!
En découvrant dans le panier la couvée qu'elle n'espérait plus :
D'où sortent-ils ces beaux chéris ? Qui les a nourris ? Le manteau ?
Il est vide, gronda le père. Il n'y a rien sous le capuchon. Un rien ne peut nourrir personne !
Jeanne ne lui répondit pas. Elle pensa, et ses yeux brillèrent : « Oh le silence de ce rien ! ». Puis elle entra dans la maison. Le feu flambait. Il faisait bon.
Henri Gougaud ( le livre des chemins)
Voici le conte d' où est partie ma réflexion sur le vide , le rien....
L'homme au manteau vide
Il était une fois un pauvre vieux village. Au bas de ses maisons était un champ de thym, dans ce champ quelques oliviers, puis des rochers, un torrent maigre. Là vivait (vivait-il vraiment ?) un homme sans corps, sans visage. Tout ce que l'on voyait, assis dans l'herbe rare, étaient son manteau, sa capuche, et ses épaules un peu voûtées. Qui était sous ce vêtement ? Peut-être quelqu'un, ou personne. Les gens l'avaient toujours vu là, les vents et les soleils aussi. Il était l'homme au manteau vide. On ne parlait guère de lui. On n'osait pas, on le craignait. On lui portait de temps en temps de quoi manger, du pain, des fruits, qu'on déposait à quelques pas. L'homme ne se retournait pas, mais une voix disait : « merci ». Alors on répondait d'un hochement de tête et on s'en retournait aux champs, à la maison, aux soins des bêtes.Il en fut ainsi jusqu'à l'an où vient un hiver de misère. Moutons crevés, chevaux enfuis et sacs efflanqués dans la grange, on ne parlait que de cela la nuit venue, devant le feu. Ce soir-là Jeanne était assise sur le plancher près de son chien. Le menton sous ses genoux hauts elle enivrait ses yeux de flammes. Elle dit soudain :
« Demain matin, j'irai voir l'homme au manteau vide »
Tu es folle, gronda sa mère. Imagine qu'il te regarde, j'en ai froid rien que d'y penser.
Il n'a jamais mangé personne. Pourquoi me ferait-il du mal ? Je veux seulement lui parler.
Tais-toi donc, bougonna son père, le manteau est creux, il n'y a personne, que du vent.
Eh bien, répondit la petite, qu'est ce que je risque, s'il n'y a rien ? Je lui porterai nos poussins. La poule est morte. Ils vont mourir. Peut-être les sauvera-t-il.
Son père la poussa du pied.
Va te coucher, tu me fatigues.
Elle s'allongea contre le chien.
Le lendemain, dans son panier, elle mit ses dix poussins malingres et dévala la pente raide jusqu'aux rochers du bord de l'eau. Dès qu'elle vit l'homme au manteau vide elle reprit souffle et s'avança, en serrant son écharpe au col. Elle déposa les dix bestioles tout alentour du vêtement qui bougeait un peu sous le vent. Elle s'assit à côté de lui. Elle lui arrivait à l'épaule. Le capuchon resta penché. Elle lui jeta un bref coup d'oeil puis écouta le bruit de l'eau. Après longtemps une voix dit :
Que me veux-tu ?
Je ne sais pas. Peut-être peux-tu nous aider.
Le silence, encore. Longtemps. Jeanne entendit sonner des heures au loin, si loin que la présence de ce manteau sans rien dedans à côté d'elle lui parut prodigieusement rassurante. Elle en sourit, soupira d'aise. Alors la voix lui murmura :
Mets tes poussins sous mon habit et reviens dans une semaine. J'ai aimé être auprès de toi.
Oh, moi aussi, répondit-elle.
Elle remonta jusqu'au village. Elle s'attarda jusqu'à la nuit à errer sous les oliviers. Sa mère voulut tout savoir de ce qu'elle avait fait et dit, mais elle ne sut que lui répondre. Elle avait laissé les poussins là-bas, auprès du manteau vide. Et quoi d'autre ma fille ? Rien.
Six jours, six nuits, à dormir peu. Au septième matin, Jeanne courut si vite qu'elle ne sut s'il ventait, s'il faisait gris ou bleu. Elle vit de loin l'homme sans corps et les poussins autour de lui. Quelle vigueur ils avaient pris ! Elle s'assit parmi eux, au plus près de l'habit. Elle dit :
Que leur avez-vous fait ?
Je les ai réchauffés, je les ai laissé vivre.
Leur permettre d'aller ainsi sans que personne les surveille, c'est dangereux, lui dit l'enfant. Si un renard était venu ?
Ecoute, Jeanne.
Elle écouta. Le silence du manteau vide la tint au chaud jusqu'à la nuit. Le soir venu, elle soupira :
Je ne saurai comment leur dire.
Va, vis, reviens, je serai là.
Elle prit les poussins et s'en alla.
Sa mère l'attendait sur le pas de la porte. Elle s'inquiétait. Elle lui cria :
Tu me feras mourir ma fille!
En découvrant dans le panier la couvée qu'elle n'espérait plus :
D'où sortent-ils ces beaux chéris ? Qui les a nourris ? Le manteau ?
Il est vide, gronda le père. Il n'y a rien sous le capuchon. Un rien ne peut nourrir personne !
Jeanne ne lui répondit pas. Elle pensa, et ses yeux brillèrent : « Oh le silence de ce rien ! ». Puis elle entra dans la maison. Le feu flambait. Il faisait bon.
Henri Gougaud ( le livre des chemins)
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Un autre que j' aime aussi sur le RIEN
RIENToute la cour est là, attendant l’arrivé du roi, quand un fakir soufi en haillons entre et va nonchalamment s’asseoir sur le trône. Le premier ministre n’en croit pas ses yeux.
– Qui crois-tu être pour entrer ici et te conduire de cette manière? Lui demande-t-il. Te prendrais-tu pour un ministre?
– Un ministre? Rétorque le soufi. Non, je suis bien plus que cela.
– Tu ne peux pas être le premier ministre, parce que le premier ministre, c’est moi. Serais-tu le roi?
– Non pas le roi. Plus que cela.
– L’empereur?
– Non, encore plus!
– Le Prophète, alors?
– Plus encore!
– Serais-tu Dieu?
– Non, je ne suis pas Dieu. C’est encore bien plus que cela.
– Mais il y a rien, au-dessus de Dieu!
– C’est exact, répond le soufi. Je suis ce Rien. (Anonyme)
RIEN
– Qui crois-tu être pour entrer ici et te conduire de cette manière? Lui demande-t-il. Te prendrais-tu pour un ministre?
– Un ministre? Rétorque le soufi. Non, je suis bien plus que cela.
– Tu ne peux pas être le premier ministre, parce que le premier ministre, c’est moi. Serais-tu le roi?
– Non pas le roi. Plus que cela.
– L’empereur?
– Non, encore plus!
– Le Prophète, alors?
– Plus encore!
– Serais-tu Dieu?
– Non, je ne suis pas Dieu. C’est encore bien plus que cela.
– Mais il y a rien, au-dessus de Dieu!
– C’est exact, répond le soufi. Je suis ce Rien. (Anonyme)
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Ouh la la , effectivement !
Alors je pense à Raymond Devos qui disait: "rien , c'est rien ...... mais trois fois rien ..... c'est déjà quelque chose !" .
Alors je pense à Raymond Devos qui disait: "rien , c'est rien ...... mais trois fois rien ..... c'est déjà quelque chose !" .
mich42-
- Prénom : Michel
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Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Les contes et Devos , plus simples que les discours philo:
PHILOSOPHIE: LE RIEN:"Le rien est ce qui est avant tout. Le chaos infini qui précède et permet toute limite, toute forme et tout mot. Le rien est tout, en un sens, car il est le fond réel et originaire de toutes les choses du monde, l’unité primordiale de l’être et du néant, qui doivent bien sortir du même fond pour être également possibles. Au fond tout revient au même, et ce même, riche de tous les autres également possibles, c’est le rien. Il y a quatre formes de rien, parce qu’il y a quatre voies principales pour la totalité des possibles qui s’ouvrent : être, ne pas être, être et ne pas être, ou ni être ni ne pas être. Ces quatre grands riens sont respectivement l’être, le néant, le monde et le réel.
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Cela me va très bien comme ça !
mich42-
- Prénom : Michel
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Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Le RIEN est ce qui est avant le TOUT.
Il est comme le vide éternel, empli d'infinies possibilités.
Il est caché mais toujours présent.
Nul ne sait qui lui a donné naissance
Il est plus ancien que Dieu.
Il est la source, l' origine de TOUT! ( d'après le tao)
Un jour près d'un village, se tenait un homme au manteau vide.
Nul n'avait vu son visage.
Les gens le craignaient et l' évitaient.
Seule Jeanne aimait s' assoir près de lui, souriante et écoutante.
Vînt un hiver de misère.
Jeanne amena au "manteau vide" ses poussins mourants.
L' homme sans visage mit les poussins au chaud sous son manteau.
Jeanne , confiante revînt 7 jours plus tard.
Les poussins courraient magnifiques et indépendants.
L' homme dit à Jeanne:
-"Jeanne , viens et écoute"
Elle s' approcha et écouta.
Dans ce silence intérieur ce qu'elle entendît ne pouvait se transmettre aux gens de son village.
Elle avait entendu le silence du RIEN, là où l'esprit devient si vaste qu'il embrasse l' Univers.
Il est comme le vide éternel, empli d'infinies possibilités.
Il est caché mais toujours présent.
Nul ne sait qui lui a donné naissance
Il est plus ancien que Dieu.
Il est la source, l' origine de TOUT! ( d'après le tao)
Un jour près d'un village, se tenait un homme au manteau vide.
Nul n'avait vu son visage.
Les gens le craignaient et l' évitaient.
Seule Jeanne aimait s' assoir près de lui, souriante et écoutante.
Vînt un hiver de misère.
Jeanne amena au "manteau vide" ses poussins mourants.
L' homme sans visage mit les poussins au chaud sous son manteau.
Jeanne , confiante revînt 7 jours plus tard.
Les poussins courraient magnifiques et indépendants.
L' homme dit à Jeanne:
-"Jeanne , viens et écoute"
Elle s' approcha et écouta.
Dans ce silence intérieur ce qu'elle entendît ne pouvait se transmettre aux gens de son village.
Elle avait entendu le silence du RIEN, là où l'esprit devient si vaste qu'il embrasse l' Univers.
LE SILENCE DU VIDE
mich42 aime ce message
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Pourquoi ris tu?
Vide ou rien un peu quif quif!
Il y a aussi la notion de néant!
Vide ou rien un peu quif quif!
Il y a aussi la notion de néant!
Re: ATELIER IMAGES de FAN ( Cuvée 2020)
Non je ne ris pas , mais en fait je n'ai pas mis l'émoticône qui convient ..... pas facile de se diversifier un peu !
mich42-
- Prénom : Michel
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